Letter 3901

Hans Sloane to Étienne François Geoffroy – 18 octobre 1729


Item info

Date: 18 octobre 1729
Author: Hans Sloane
Recipient: Étienne François Geoffroy

Library: British Library, London
Manuscript: Sloane MS 4068
Folio: f. 162-163



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Transcription

Monsieur, Si j’ai manqué à Vous ecrire et à vous envoier le Catalogue pour le mois de Juillet, c’est une Indisposition, qui en a eté la Cause laquelle etant passée, je me fais l’honneur de vous envoier ceux de ces deux derniers mois. Il est arrive ici depuis peu un accident aussi surprenant qu’extraordinaire à quatre Enfans d’une famille qui mangerent par meprise des Semences de Jusquiame ou Ayo[?] Clamus niger, qu’ils vuly[?] prend avaient cueillies dans les Champs, les capsules Seminales ressemblant a celles des noisettes et les Semences à celles de Pavôt quils avaient manger. Les effets que produisit cette facheuse méprise sur tous les quatre furent vertiges grand soif, Scotomes ou perte de vue Delires & profond Sommeil. Ces Enfans sont agés depuis quartre ans et demi jusqu’a treize et demi. Leur pere venant me consulter m’apporta des têtes (de Jusquiame quil appelont bayes) Je les connus dabord, et Scachant bien les Effets qu’elle devont produire, J’en donnai instamment à tous la Saignée les Vesicatoires, et la purgation avec huille d’amandes douces, Syrop de fleurs de Pechers, Electuaires benitif et fleur de Souffre. Cette medecine les purgea haut et bas. Ils guerirent tous et ses portent bien aujourd’hui. Un d’eux qui avait manger plus dormit près de deux jours. J’ai observé sur les pilules de Cynoglose ou il y a de, ces semences on fort petite quantite qu’en les donnant dans les toux et Crachements de Sangs, un delire & des vertiges plus qu’ordinaire quelquefois soit ce medicament quoique d’ailleurs tres bon dans ces maladies. A ce [?] je vous donnerai, Monsieur, une Instance des grandes vertus de la Semence de Jusquiame dans couleurs des Dents. Un Empyrique ayant eté recommandé il y a quelques années à une personne de qualité qui gemmisait sous une douleur de dents violente le guerit, en conduisant la fumée de cette Semence dans la dent creuse par la moien d’un Entonnoir; et en meme tems fit tomber dans un Sceau d’eau placé dessous, quelques Vers. Ceci etonna si fort le malade et les Spectateurs qu’ils me raconterent l’histoire. Je procurai quelques uns de ces Vers en vie et les envoiai dans de la Soye à Monsieur Leewenhoek a Deft[?] en Hollande. Dès qu’il les recuti se retrouvenant d’en avoir trouvé de la tremè[?] espece paissant sur de fromage pourri, il alla chez un Marchand de fromage et en effet y en trouva d’autres les quels il soigna bien, les nourissant avec ceux que je lui avais envoié, de fromage pourri; et ils furent bientôt transformez en de petits Scarabées sans que Ces celon les sentimens de ceux qui les ont veux en Holland ceront vous ni les Scarabées differassont les uns des autres. Ainsi quoique la fumée de la Semence Jusquiame eût appaisé la douleur des Dents, il est cependant raisonable decrire que les vers y furent apportez et laissez tomber dans l’Eau par quelque tour de Leger demain. J’ai l’honneur d’etre avec trop Respêt & veneration Monsr. Votre tres humble et tres etaits Servit. A Londres ce 18 octobre 1729.




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